D’abord, de quoi parle-t-on ?

En terre, la plante a un gros tampon de sécurité. En coco, hydro et aéro, ce tampon est minuscule. Imagine : la terre = une large allée ; l’hydro = le bord du trottoir. Si le pH, la force de la solution (EC), l’oxygène dans l’eau ou la température dévient, les feuilles réagissent vite — parfois en 1 à 3 jours.

Deux notions en mots simples :

• pH : à quel point la solution est acide/alcaline. Mauvais pH = la plante ne peut pas manger, même si la nourriture est là.
• EC : « salinité » de la solution (force d’engrais). EC trop bas = faim. EC trop haut = trop salé.

Plages de travail utilisées ici :
Terre : pH 6,3–6,8. Coco : pH 5,8–6,3 (point doux ~6,0–6,2). Hydro/Aéro/Laine de roche : pH 5,5–6,0.

Lire les feuilles — règles valables pour tous les milieux

• Où commencent les symptômes ?
  Feuilles basses/anciennes → souvent manque de nutriments mobiles (N, P, K, Mg).
  Jeune apex/feuilles récentes → souvent manque d’éléments immobiles (Ca, Fe, B, Zn, Cu, Mn, Mo).
• Quel motif ?
  Zones claires entre nervures vertes → pensez Mg, Fe, Mn, Zn.
  Bords et pointes bruns → souvent K, parfois sel/vent/lumière.
  Jaunissement uniforme → N (en bas) ou S (en haut).
• Règles d’or, sans jargon
  1. Corrige d’abord pH et oxygène racinaire, ensuite touche aux bouteilles.
  2. EC informe, mais les feuilles tranchent.
  3. Observe le nouveau feuillage — c’est lui qui montre si la correction marche (les vieilles taches ne disparaissent pas).

COCO COIR — « presque hydro », avec ses caprices

Pourquoi le coco peut sembler délicat ?
La fibre de coco « retient » volontiers le calcium (Ca) et le magnésium (Mg). Les débuts en coco ressemblent donc souvent à des carences Ca/Mg, même avec une fertilisation correcte. Vise pH 5,8–6,3 (centre ~6,0–6,2).

Symptômes courants & gestes simples

Arrosage coco :souvent et peu, pas rarement et beaucoup. Quotidien (grosses plantes 2–3×/jour) jusqu’à léger drainage, pour garder les ions en ordre.
EC de solution (repères) : croissance 0,8–1,6 mS/cm, floraison 1,4–2,0 mS/cm (la variété et la lumière peuvent bouger ces chiffres).

HYDRO (DWC/RDWC, NFT, ebb&flow) — rapide & précis

Pourquoi tout va si vite ?
Parce qu’il n’y a pas de substrat pour amortir les erreurs. Si pH/EC, oxygène ou température dérivent, les feuilles réagissent tout de suite. Travaille dans 5,5–6,0 pH (souvent 5,6–5,8).

Cas typiques & solutions simples

EC (repères) : croissance ~0,7–1,5 mS/cm, floraison ~1,2–2,2 mS/cm. Laisse le pH flotter dans 5,5–6,0 — des éléments différents s’absorbent mieux à différents points de cette fenêtre.

AÉROPONIE — magique… si les buses pulvérisent

Les racines vivent du brouillard. Toute coupure d’arrosage = sécheresse racinaire. Les feuilles peuvent imiter des manques K/Ca/Mg, mais la vraie cause est une pulvérisation inégale (buses/filtre) ou une solution trop chaude.

Check aéro quotidien :

• Toutes les buses pulvérisent-elles uniformément ?
• Le brouillard atteint-il toutes les racines ?
• Solution 18–20 °C, pH 5,5–6,0.
• Si les feuilles « réclament » Ca/Mg — répare la pulvérisation d’abord, Cal-Mag en parallèle.

LAINE DE ROCHE (rockwool) — n’oublie pas le « bain acide »

La laine neuve est alcaline. Avant de planter, fais tremper cubes/dalles à pH ~5,5. Ensuite, gère comme en hydro (pH 5,5–6,0). Évite les poches trop sèches dans la dalle — elles créent des canaux et des « carences bizarres » localisées.

Tableau 1 — Plages de pH selon le milieu (fenêtres sûres)

Tableau 2 — EC cible de la solution (mS/cm) par milieu & phase

Astuce : variétés « gourmandes », LED puissantes et solution fraîche et bien oxygénée → plutôt le haut des plages. Plantes sensibles et solution tiède → bas des plages.

Diagrammes

• Plages de pH par milieu : 

• EC cible par milieu & phase : 

Fausses alertes en soilless — ce n’est pas toujours l’engrais

Micros & macros en coco/hydro — lis ça comme une carte

Nutriments mobiles (N, P, K, Mg) — ça commence sur vieilles feuilles.

• N : jaune uniforme → ½ dose de « grow », pH en plage, re-check en 2–3 jours.
• P : vert sombre, parfois violet ; plante « figée » → pH 5,8–6,0, solution 18–22 °C, P modéré.
• K : bords bruns → vérifie EC & oxygène d’abord, ajuste K ensuite.
• Mg : clair entre veines → sel d’Epsom 0,3–0,5 g/L (1–2×), pH propre.

Nutriments immobiles (Ca, Fe, Zn, Cu, Mn, B, Mo) — ça démarre sur nouvelles feuilles.

• Ca : bords « grignotés », micro-points → Cal-Mag + pH serré.
• Fe : apex « citron » → pH 5,6–5,8, micros.
• Zn/Mn : léger dégradé + mouchetures → pH OK, micros complets.
• B : apex déformés → humidité régulière (clé en aéro/coco) + mélange d’oligos.

Plans de secours « 24 h » — pour redresser vite

Coco (feuilles réclament Ca/Mg/Fe) :

1. Mesure pH à l’entrée et au drainage : 5,8–6,3.
2. Deux arrosages avec Cal-Mag (0,5–1 ml/L) à ~6,0 pH.
3. Pendant 2–3 jours : plus fréquent, petites doses, jusqu’à léger drainage.

Hydro/DWC (apex pâle, bords bruns) :

1. pH 5,6–5,8, EC –10–20 %, solution 18–21 °C.
2. Plus d’air (pierres, pompe plus forte).
3. Micros complets. Observe le nouveau feuillage après ~48 h.

Aéro (feuilles capricieuses « sans raison ») :

1. Détartrer/nettoyer buses & filtres ; la brume touche-t-elle toutes les racines ?
2. Assure-toi que les cycles ne s’arrêtent pas (alimentation, minuteries).
3. pH 5,6–6,0 ; Cal-Mag si besoin.

La plante boit, respire… et « parle »

Visualise la racine comme une paille et un poumon. Paille, parce qu’elle aspire la solution. Poumon, parce qu’elle a besoin d’oxygène (oui, les racines respirent). Si l’eau est trop chaude ou sans bulles, la plante manque d’air et les feuilles s’affaissent. Si le pH part en vrille, la nourriture est dans l’assiette mais la bouche reste fermée. C’est là que tu vois : jaunissement, bords bruns, apex pâles. D’où le mantra : pH & O₂ d’abord, la bouteille ensuite. Simple idée — énorme effet en coco/hydro/aéro.

Résumé en un paragraphe

• Coco : surveille Ca/Mg et pH 5,8–6,3, arrose souvent et peu.
• Hydro/DWC :oxygène, température, pH sont les 3 piliers ; pH 5,5–6,0 et surveille les pointes.
• Aéroponie : assure un arrosage continu d’abord, puis affine le reste.
• Laine de roche : commence par un bain pH 5,5, ensuite goutte-à-goutte homogène, pas de canaux.

Quand tout ça est en place, la plupart des « carences » s’estompent avant de s’étendre. Ne restent que de petits réglages — et des récoltes qui font plaisir même à la loupe.