Rien n’abîme plus la floraison que des « nanners » jaunes qui sortent des calices ou des grappes soudaines de fleurs mâles. Bonne nouvelle : on peut souvent prévenir — et si ça arrive, limiter la casse. Voici un guide simple : pourquoi ça se produit, comment les repérer tôt, sécuriser la tente et quoi faire exactement dès que tu en vois.
Sommaire
- TL;DR / Démarrage rapide
- Pourquoi une plante devient « hermie »
- Faire la différence : boules vs nanners
- Prévention pas à pas (matos, paramètres, travaux)
- Plan de secours quand les nanners apparaissent
- Maturité des graines & décision : couper ou terminer ?
- FAQ
- Check-lists (anti-hermie & action)
TL;DR / Démarrage rapide
- Coupable n°1 : lumière la nuit (tente fuyarde, LEDs d’appareils, coup d’œil en « off »).
- Autres stress : variations T/HR, sous/sur-arrosage, chaleur de lampe, re-veg, training agressif en semaines 1–3 de flo, génétique faible/bagseed.
- Prévention :obscurité totale, test 10 min dans le noir, scotcher les LEDs, bonne minuterie, 20–26 °C et 40–55 % HR en floraison.
- Nanners isolés en fin de flo : pince à épiler, brume d’eau (l’eau désactive le pollen), contrôle quotidien.
- Boules/grappes précoces et nombreuses :retirer la plante ou isoler — risque de polliniser toute la tente.
Pourquoi une plante devient « hermie »
L’hermaphrodisme n’est pas une « maladie » — c’est une réponse défensive : la plante tente de se reproduire « au cas où » sous stress ou par prédisposition génétique.
Causes majeures :
- Lumière pendant la nuit : toute fuite en 12/12 dérègle le photopériode. Surveille : LEDs d’alim/contrôleurs, rubans (même très faibles), fentes de zip.
- Variations d’environnement : >30 °C, <18 °C, HR >65 % longtemps en flo, courants d’air/nuits froides.
- Stress hydrique/nutritif : cycles sécheresse-inondation, grands écarts EC/pH, carences ou excès.
- Stress mécanique/biologique : LST/HST fort juste après le flip, rempotage en semaines 1–2, re-veg (pannes), ravageurs (thrips, acariens).
- Génétique : graines issues d’une pollinisation accidentelle (« bagseed ») et lignes peu stabilisées font plus de nanners.
Faire la différence : boules vs nanners
- Fleurs mâles (« boules », grappes) : boules vert/jaune sur courts pédoncules, en grappes, sans pistils. Souvent tôt (sem. 2–4 de flo). Risque élevé de pollinisation.
- Nanners : petites langues jaunes façon mini-bananes, souvent dans des calices femelles parmi les pistils. Plutôt tard (stress/fatigue). Risque moindre mais réel — contiennent du pollen.
- Préfleurs femelles (OK) : calice en goutte + poils blancs. Boules sans poils = action immédiate.
Prévention pas à pas
1) Obscurité totale (photopériode)
- Test d’obscurité : éteins, reste 10 min dans la tente. Si tu vois une lueur après adaptation — colmate (butyle/électrique, collerettes noires).
- Cache les LEDs d’alims, contrôleurs, hygromètres (ou tourne-les).
- Pas de visites de nuit à lampe blanche/chaude ; si nécessaire, lumière verte.
2) Environnement stable
- Jour en flo :24–26 °C, 45–55 % HR.
- Nuit en flo : −2–3 °C vs jour, HR ≤55 % (gare au pic après extinction).
- Circulation constante, mais pas de souffle direct sur les têtes.
3) Entretien & travaux
- Entraînement/rempotage avant le flip. Sem. 1–3 : ménage léger (lollipop/défoliation mesurée).
- Arrosage : régulier jusqu’à léger drainage ; éviter « sécheresse-déluge ».
- Nutrition : EC propre ; pas de montagnes russes.
4) Génétique & matériel de départ
- Graines sérieuses de lignes stables ; évite les bagseeds (tendance hermie).
- Clones d’origine fiable (sans historique de re-veg/stress sévère).
Plan de secours quand les nanners apparaissent
Scénario A — nanners isolés, mi/fin de flo
- Coupe les ventilateurs oscillants près de la plante pour ne pas disperser le pollen.
- Brumise légèrement d’eau au-dessus et autour (l’eau lie/désactive le pollen).
- Gants, pince à épiler, retire doucement le nanner, direct dans un sachet.
- Re-brumise la zone et le feuillage/les têtes proches.
- Reprends l’air après 2–3 min, inspection quotidienne.
- Si les nanners reviennent en plusieurs points — isole la plante ou récolte plus tôt.
Scénario B — boules/grappes tôt en flo
- Alerte rouge : gros risque de tout ensemencer. Le plus sûr : retirer la plante du box. Si tu veux absolument sauver : isole ailleurs et retire les grappes chaque jour avant ouverture — gros effort, gros risque.
Hygiène en plus
- Après l’opération, essuie les surfaces avec un chiffon humide (pollen léger et accrocheur).
- Pendant les inspections, HR 50–55 % — réduit un peu la mobilité du pollen (puis reviens aux cibles).
Maturité des graines & décision : couper ou terminer ?
- De la pollinisation aux graines mûres : 3–6 semaines.
- Nanner tardif (sem. 7–8) n’a souvent pas le temps de faire des graines mûres — buds utilisables et souvent quasi sans graines.
- Pollinisation précoce/forte = risque de « seed-party ». Parfois mieux de couper plus tôt que de tout perdre en graines.
FAQ
Les graines féminisées hermient plus ?
Les bonnes lignes féminisées non. Problèmes = mauvaise sélection ou graines issues de plantes inversées/stressées sans stabilisation.
On peut consommer des têtes « pollinisées » ?
Oui, mais rendement/qualité chutent : la plante redirige l’énergie vers la graine, les têtes deviennent « seedées ».
Les nanners font toujours des graines ?
Pas toujours. Les nanners tardifs pollinisent souvent peu ou donnent quelques graines seulement.
La lampe verte est vraiment « sûre » ?
Le vert est le moins perçu par la plante : lampe verte pour un bref contrôle nocturne = compromis acceptable — mieux vaut l’obscurité totale.
Une hermie — ses graines donneront encore des hermies ?
Souvent oui, risque accru. Mieux vaut ne pas les utiliser.
Check-lists
Anti-hermie (prévention)
- Test d’obscurité 10 min — zéro lumière la nuit
- LEDs masquées et zips/ports colmatés
- Minuterie fiable + plan B en cas de panne
- Flo : 24–26 °C jour, 20–23 °C nuit ; HR 45–55 %
- Training/rempotage avant le flip ; en flo ménage léger
- Arrosage régulier, pas « sécheresse-déluge » ; pH/EC stables
- Génétique sérieuse (pas de bagseed)
Action (quand tu vois des nanners)
- Oszis off, brumiser d’eau la zone
- Retirer à la pince dans un sachet, re-brumiser
- Inspection quotidienne (loupe 30–60× utile)
- Si ça revient — isoler ou récolter tôt
- Essuyer les surfaces au chiffon humide
Résumé : Les hermies ne sont pas une fatalité — elles indiquent un souci d’environnement ou de génétique. Étanchéifie la nuit, stabilise les paramètres et agis dès les premiers nanners. La plupart du temps tu sauveras la récolte ; avec moins de stress et des graines stables, le problème disparaît.